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Le Maroc vu par la Chine : naissance d’un axe discret mais décisif

Analyse géopolitique à partir de la vision de Xi Jinping, par Nasrallah Belkhayate

Il y a des regards qui ne crient pas, mais qui construisent. Des partenariats qui ne s’affichent pas dans le vacarme des caméras, mais qui prennent racine dans le temps long, celui des civilisations. Le regard de la Chine sur le Maroc, exprimé par la voix calme de ses diplomates et confirmé par la pensée stratégique du président Xi Jinping, ne relève pas du protocole, mais de la vision. Ce n’est pas une déclaration de courtoisie, c’est une lecture du futur. Une lecture dans laquelle le Maroc n’est plus un simple pont entre l’Europe et l’Afrique, mais un pilier de la nouvelle gouvernance mondiale inclusive.

Car Xi Jinping, dans ses discours sur l’Afrique, ne cesse de rappeler une idée forte :

« Le développement ne doit pas être l’apanage de quelques-uns, mais le droit de tous les peuples. »
(Discours d’ouverture au FOCAC, Pékin, 2018)

Et dans cette équation universelle du développement partagé, le Maroc incarne une singularité remarquable : il avance sans arrogance, il inspire sans dominer, il bâtit sans bruit. À travers le prisme chinois, Rabat n’est pas un point de passage. C’est un point d’équilibre. Une articulation entre les mondes. Une preuve vivante que l’on peut concilier stabilité monarchique et ouverture économique, identité spirituelle et innovation technologique.

Quand Xi Jinping parle de bâtir une « communauté de destin pour l’humanité », il pense aux pays comme le Maroc — stables, ancrés, ouverts, capables de proposer une alternative à la domination, une diplomatie de la confiance. La Chine voit dans le Maroc non pas un pion, mais un partenaire lucide. Un pays capable d’absorber les pressions géopolitiques sans perdre son cap. Un pays qui ne subit pas les agendas des autres, mais qui propose le sien — africain, atlantique, islamique et multilatéral.

À travers la diplomatie du président Xi, Pékin promeut un modèle de coopération global où chaque partenaire conserve sa souveraineté tout en co-construisant l’avenir. Et dans cette architecture, le Maroc joue le rôle du relais intelligent. Il comprend la Chine, sans chercher à l’imiter. Il respecte la Chine, sans s’y diluer. Il collabore avec elle, sans renoncer à son autonomie.

Les paroles du président chinois résonnent alors avec une intensité nouvelle :

« La Chine veut être un ami sincère, un bon partenaire, et un bon frère pour l’Afrique. »
(Xi Jinping, Johannesburg, 2015)

Ce triptyque — ami, partenaire, frère — résume la nature profonde de la relation sino-marocaine. Il ne s’agit pas simplement de signer des accords, mais de bâtir des ponts entre deux visions du monde : l’une venue de l’Empire du Milieu, forte de sa renaissance économique ; l’autre issue d’un Royaume millénaire, fort de sa stabilité spirituelle et de sa fidélité aux équilibres régionaux.

Tanger Tech, la coopération dans les énergies renouvelables, l’implantation de projets numériques sino-marocains, les échanges académiques croissants : tout cela ne forme pas une addition d’intérêts. Cela forme une stratégie. Une stratégie silencieuse, méthodique, où l’axe Maroc-Chine devient un modèle pour les futures alliances afro-asiatiques.

Et cette alliance n’est pas conjoncturelle. Elle est structurelle. Elle repose sur la confiance. Sur la constance. Sur la certitude que les grands projets ne naissent pas dans l’euphorie médiatique, mais dans la patience diplomatique. Sur la conviction que le monde multipolaire ne se décrète pas, il se construit, brique par brique, école par école, usine par usine.

Le président Xi ne choisit pas ses partenaires au hasard. Il observe, il évalue, il mesure. Et s’il accorde au Maroc une place spéciale dans sa politique africaine, c’est qu’il voit en lui un levier, un trait d’union, un artisan de paix. Une monarchie africaine capable de parler à l’Occident sans arrogance, à l’Orient sans complexe, et au Sud global sans attendre de permission.

Dans cette nouvelle diplomatie mondiale, le Maroc ne fait pas semblant. Il propose. Il fédère. Il construit. Et Pékin sait reconnaître cela. Car la Chine, malgré sa puissance, respecte ceux qui avancent avec humilité et discipline.

Ainsi, en reprenant les mots de Xi Jinping et en observant les gestes de ses diplomates, on comprend que le Maroc n’est pas simplement un « partenaire stratégique ». Il est un acteur d’harmonie dans un monde fracturé. Il est un port d’équilibre au bord de l’Atlantique, un ami sincère dans le désert des intérêts égoïstes, un frère patient dans les batailles du développement.

Et cela, aucun chiffre ne peut le mesurer. Seule une lecture du cœur, une lecture soufie du monde, peut saisir l’essence de ce lien. Un lien qui unit la Chine millénaire à l’Afrique debout. Par le Maroc.

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