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La diplomatie des États africains

Une responsabilité souveraine à ne pas désacraliser

« Le peuple africain doit apprendre à se taire quand il faut se taire, parler quand il faut parler, et surtout agir quand il faut agir. »
Ahmed Sékou Touré, père de l’indépendance guinéenne

Dans un monde où l’information circule à la vitesse d’un éclair et où les crises internationales se nouent et se dénouent parfois dans l’espace d’un tweet, de nombreuses voix, animées par la passion ou la colère, s’expriment pour défendre la souveraineté de leurs nations africaines. Si cette ferveur patriotique peut paraître légitime, voire salutaire, elle devient contre-productive lorsqu’elle s’empare du domaine sacré de la diplomatie d’État, sans mandat, sans méthode, ni mesure.

La diplomatie n’est pas un champ d’émotion. Elle est l’art du temps long, du silence stratégique, du langage maîtrisé et des gestes mesurés. Elle appartient aux chefs d’État et aux institutions mandatées, seuls légitimes à parler au nom de la Nation. L’instantanéité des réseaux, l’indignation légitime des opinions publiques ou la colère des diasporas ne peuvent en aucun cas remplacer les canaux institutionnels d’expression diplomatique.

Or, dans plusieurs pays africains, on observe une multiplication de prises de parole privées, d’analyses improvisées, de tribunes passionnées, parfois en contradiction avec les efforts de construction d’une position nationale ou continentale. Ce phénomène, amplifié par les réseaux sociaux, peut affaiblir la voix des États, diviser leurs opinions publiques, et compromettre leur crédibilité sur la scène internationale.

La Fondation Trophée de l’Africanité tient à rappeler avec gravité que la diplomatie d’un pays est une fonction souveraine, intime et stratégique. Lorsqu’elle est contaminée par des postures individuelles, émotionnelles ou militantes, elle cesse d’être efficace et devient vulnérable aux manipulations extérieures.

Les enjeux diplomatiques africains actuels – qu’il s’agisse de sécurité, d’unité régionale, d’environnement, de partenariats stratégiques, ou de reconnaissance multilatérale – exigent de la hauteur, de la patience, et surtout de l’unité. C’est pourquoi nous appelons à une prise de conscience collective : défendre l’Afrique ne signifie pas parler à sa place.
Le vrai service à la patrie, c’est aussi savoir respecter ses institutions, soutenir ses choix stratégiques, et taire ses émotions lorsque le silence protège la souveraineté.

Nous, à la Fondation Trophée de l’Africanité, croyons profondément que chaque pays africain a droit à une parole unifiée, portée par ses dirigeants légitimes, dans le respect des équilibres internes et externes. La dignité de nos nations commence par la cohérence de leur parole sur la scène internationale.

Comme le rappelait avec lucidité le penseur visionnaire Mehdi Elmandjra :
« La diplomatie véritable est celle qui évite le fracas, pas celle qui cherche à briller. Elle est l’art de prévoir sans provoquer, de parler sans heurter, et surtout de construire sans diviser. »

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