Actualités

L’Afrique ne se résume pas à une photo !

Réduire la diplomatie africaine à un cliché, c’est ignorer la complexité du pouvoir, de la stratégie, et de la lutte pour la souveraineté

Non, cette photo ne résume ni l’Afrique, ni ses dirigeants. Elle n’est ni une humiliation, ni un acte de soumission. Elle est un fragment de diplomatie, sorti de son contexte, grossi à la loupe d’une colère souvent légitime, mais parfois mal orientée.

Il est facile de s’indigner. Il est plus difficile de comprendre les rouages profonds de la géopolitique, les subtilités des négociations à huis clos, les fragilités héritées de l’histoire, et les contraintes imposées à ceux qui, sur la scène internationale, portent les espoirs de tout un continent.

Ceux qui dénoncent cette image comme un affront oublient que la diplomatie n’est ni un concours de fierté, ni un théâtre d’apparence. Elle est un jeu d’équilibres, une stratégie de long terme. Elle se gagne rarement sur une scène, encore moins sur une photo. Elle se construit dans la discrétion, dans l’endurance, dans le rapport de force feutré.

Les noms affichés sur un pupitre ? Ce ne sont pas des marques d’infériorité. Ce sont des signatures politiques. Des identités assumées. Et s’il y a eu une présentation des ressources, ce n’était pas une offrande, mais une mise en valeur d’un potentiel, dans l’espoir d’obtenir des investissements, des partenariats, des leviers de développement. Pas une soumission, mais une offre consciente, volontaire, stratégique.

Nous devons cesser de réagir à chaque image comme si elle portait en elle toute la mémoire de la colonisation. Nous devons sortir de l’obsession du regard de l’autre pour entrer dans la maîtrise de notre propre narration. Ce n’est pas dans les angles de caméra que se joue l’avenir de l’Afrique, mais dans sa capacité à s’unir, à s’industrialiser, à former ses élites, à protéger ses ressources, à transformer sa jeunesse en puissance.

L’Afrique ne mendie pas le respect. Elle ne l’achète pas non plus. Elle le construit, dans les sommets, dans les forums, dans les actes concrets, dans les victoires économiques, culturelles et politiques qu’elle accumule, lentement mais sûrement.

Oui, il y a des maladresses. Oui, il faut refuser les scénographies humiliantes. Mais il faut aussi savoir lire le moment diplomatique avec discernement, et ne pas condamner systématiquement les nôtres pour avoir accepté de dialoguer avec ceux qui, hier encore, nous regardaient de haut.

À ceux qui crient à la honte, rappelons cette vérité : la souveraineté ne se proclame pas, elle s’édifie. Elle demande du temps, de l’unité, de la profondeur. Ce n’est pas dans l’émotion des réseaux sociaux qu’elle s’impose, mais dans la cohérence des politiques publiques, dans le contrôle de nos ressources, dans la défense de nos intérêts dans les forums où se décident les règles du monde.

L’Afrique n’est pas une photo. Elle est un mouvement. Une marche vers la puissance.
Et ce mouvement ne demande pas de commentaires enflammés, mais des bâtisseurs lucides et courageux.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page