Le Canada et l’Afrique à l’heure d’un Atlantique solidaire
Une vision partagée pour faire de l’Atlantique un espace de coopération francophone, d’innovation durable et de prospérité partagée

Dans un monde en pleine recomposition, où les lignes de fracture géopolitiques côtoient les nouvelles routes de coopération, l’Atlantique s’impose à nouveau comme un carrefour stratégique. Non plus seulement pour les puissances traditionnelles du Nord, mais aussi pour les nations du Sud qui y voient un espace d’émancipation collective, d’intégration régionale et d’échanges équilibrés. C’est dans cette dynamique que s’inscrit aujourd’hui la relation entre le Canada et l’Afrique, deux pôles que tout pourrait sembler opposer, mais que l’Atlantique relie, de plus en plus, dans une vision solidaire et partagée.
Le Canada, pays atlantique par excellence, fort de ses grands ports de Halifax, Québec ou Montréal, est aussi un acteur international reconnu pour son engagement humaniste, sa diplomatie de paix et sa contribution à la Francophonie. De l’autre côté de l’océan, l’Afrique voit naître une ambition nouvelle portée par des initiatives audacieuses comme celle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui propose une Initiative Royale pour l’Afrique Atlantique, destinée à repenser les connexions maritimes, économiques et culturelles entre les pays de la façade ouest-africaine et leurs partenaires du Nord.
Cette initiative, saluée comme une avancée majeure pour l’intégration sud-sud, ambitionne de donner aux pays du Sahel enclavés un accès structuré aux infrastructures portuaires marocaines, comme celles de Dakhla ou de Tanger Med, et de construire des corridors de prospérité, de sécurité et de souveraineté énergétique.
Dans ce contexte, le Canada apparaît comme un partenaire stratégique naturel. Son histoire coloniale, sa richesse multiculturelle, sa francophonie vivante, et sa volonté affirmée de renforcer ses relations avec l’Afrique l’invitent à prendre toute sa place dans cette nouvelle géographie solidaire de l’Atlantique.
« La Francophonie, ce n’est pas un héritage du passé. C’est une promesse pour l’avenir. Une promesse de solidarité, de créativité, de développement partagé. »
— Justin Trudeau, Premier ministre du Canada
Loin de tout néocolonialisme ou d’ingérence économique, la vision canadienne repose sur des principes clairs : partenariat, transfert de compétences, innovation partagée. C’est ce que traduisent déjà de nombreux programmes entre les universités canadiennes et africaines, dans les domaines de la santé publique, de la formation maritime, de la transition écologique, ou encore de la gouvernance publique.
« Le développement durable, ce n’est pas un luxe pour les pays riches. C’est un droit pour tous. Et le Canada a la responsabilité de partager son expertise. »
— Jean Lemire, ambassadeur du climat et de l’environnement du Québec
Mais au-delà de la coopération institutionnelle, c’est la diaspora africaine au Canada qui joue un rôle d’interface vivante entre les deux rives de l’Atlantique. Des milliers de jeunes issus du Maroc, du Sénégal, du Congo ou du Cameroun dynamisent aujourd’hui les universités, les entreprises, les institutions culturelles du Canada. Ils incarnent la promesse d’un Atlantique humain, inclusif et tourné vers l’avenir.
« La coopération Canada–Afrique ne doit pas être une charité, mais une stratégie d’intelligence partagée. »
— Michaëlle Jean, ancienne Gouverneure Générale du Canada et ex-Secrétaire générale de la Francophonie
L’Initiative Atlantique portée par le Maroc offre un cadre concret à cette ambition : ports connectés, corridors logistiques, mobilité étudiante, sécurité maritime, économie bleue… autant de domaines où le savoir-faire canadien peut rencontrer les besoins africains dans une logique de codéveloppement et de co-création. Les universités canadiennes peuvent devenir des pivots de formation transatlantique, les entreprises québécoises des vecteurs d’innovation, les acteurs diplomatiques canadiens des facilitateurs de dialogue Sud-Nord.
« Il n’y a pas de futur canadien sans un futur africain, et il n’y aura pas de futur africain sans un vrai partenariat atlantique. »
— Roméo Dallaire, ancien général canadien et défenseur des droits humains en Afrique
Face à la montée des logiques de repli, à la compétition sino-américaine, au besoin urgent de transition énergétique et de sécurité collective, l’Atlantique doit devenir un espace de convergence, non de confrontation. Le Canada, de par son positionnement diplomatique équilibré, sa tradition de coopération décentralisée et son ancrage francophone, peut devenir l’un des piliers de cette architecture nouvelle.
Car il ne s’agit plus simplement d’aider l’Afrique, mais de faire alliance avec elle, dans un monde qui a besoin de liens humains solides, de visions partagées, de passerelles audacieuses. L’Atlantique solidaire que dessinent le Maroc, le Canada et l’Afrique n’est pas un rêve lointain : il est déjà en train de naître dans les projets, les discours, les universités, les ports, les esprits.
À l’heure d’un nouvel âge atlantique, le Canada et l’Afrique ne regardent plus l’océan comme une distance, mais comme un destin. Un destin à construire ensemble, entre égaux, au nom de la solidarité francophone, du progrès partagé et d’un monde multipolaire où la voix des peuples du Sud trouve enfin son écho dans les capitales du Nord.